Kubilai Khan investigations
Le Tir Sacré
Dans un monde qui aujourd'hui court après la performance, que cache l’icône ? Après quoi courent les sportifs ? Qu'est-ce qui se cache derrière l’héroïsme des Dieux du stade ? Quel goût laisse l'ébouriffante sensation d'avoir assisté à un événement exceptionnel ?
« N'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, les hommes, disait Pascal, se sont résolus, pour se rendre heureux, de ne point y penser. » De là, la notion de divertissement indique que, pour exorciser l'angoisse que ferait naître la méditation sur la précarité de son « être-au-monde », et détourner l'esprit des questions existentielles de l'existence, l'homme se livre volontiers aux plus diverses occupations quotidiennes, le jeu, le travail, le sport, l'alcool, la musique, les fêtes... Cet attachement très fort au sport dans notre société est le reflet d'un prisme assez large, une guerre commerciale, manière de flatter la fierté nationale et l'appartenance.
Autour d'un principe de choralité. Telle une partition de musique, les discours des commentateurs seront repris en fonction des voix, des hauteurs, des timbres et de la technique de chacun. Dans le montage, les participants ont une partition individuelle pour une création vocale guidée par des unissons mais offrant autant d'éclats, marquant des moments de folie où le commentateur passe dans un autre monde... Que se passerait-il si le commentateur sortait de sa loge ? son cadre ? Qu'il pétait les plombs ?


Afin de mettre en exergue le moment de théâtre dans le sport le Tir Sacré s'appuie sur 9 stratégies.
(Top 9 des techniques des commentateurs sportifs pour vous faire croire que vous vivez un truc exceptionnel).

1. S'égosiller à la "Eugène Saccomano" (football, RTL)
Consiste à s'extasier devant n'importe quelle action en montant dans les aigües.
"OHLALALA quelle passe en retrait à son gardien" !
Pour habituer l'auditeur, détail important, il est nécessaire d'adopter cette attitude dès le générique de l'émission.
2. Le débit mitraillette à la "Patrick Montel" (athlétisme, Ftv)

Hurler à une vitesse de 500 mots/s et un volume de 128 décibels.
Surdité garantie à quiconque essaierait de déchiffrer ses propos.
3. L'expression imagée à la "Pierre Salviac" (rugby, ancien de FR2)

Réussir à caser entre deux blagues graveleuses sur les noms de joueurs comme Laurent Labit ou Laurent Travers (ou les deux) des expressions bien senties telles que "il faut remettre l’église sur la place du village", "la cabane est tombée sur le chien" ou "le cochon est dans le maïs".
Le temps de comprendre où il voulait en venir et le match était terminé.
4. Le sacré tic à la "Thierry Adam" (cyclisme, Ftv)

Tenter de rendre vivantes les étapes de plaine du Tour en assurant que le "club des cinq" à l'avant réalise un "sacré numéro" alors qu'ils ont 32 secondes d'avance à 158 kilomètres de l'arrivée. Consiste aussi à réveiller le chauvin en nous à chaque fois qu'un français figure dans ces échappées publicitaires. Bien étirer les mots importants autant que possible et parler au besoin un peu trop près du micro.
5. La prise de position à la Jean-Louis Moncet (Formule 1, TF1)

Profiter d'une course pour encourager subtilement l'une des équipes en lice (marche aussi avec Xavier Gravelaine) : "ah quelle course de Ferrari", "le meilleur moteur est indiscutablement celui de Ferrari", "encore une leçon stratégique de Ferrari...".
Vous vous mettez dans la poche une partie du public et le reste vous déteste. L'important c'est de ne pas laisser indifférent.
6. Le diable de tic à la Christian Jean-Pierre (foot, rugby, TF1)

Établir plusieurs phrases-types et les faire répéter à un magnétophone. "ce diable de X. qui n'est pas loin pour le ballon d'or", "Et on ouvre", "la chaaaarge de X", "j'adore ce joueur", "Attention !", ou une anecdote du style : "Rafael et Fabio qui en plus d'être jumeaux ont le même âge". Consiste aussi à hurler pendant 15 minutes l'exploit qu'est en train de réaliser l'équipe menée au score avant de se rendre compte de sa méprise...
7. L'appel à l'homme de terrain à la "David Astorga/Cédric Beaudou"

Indispensable pour nous rappeler qu'il fait beau, qu'il y a des gens dans le stade et que la pelouse est verte. Et que le téléspectateur ne ratera donc rien, au moindre détail près. Même si on s'en moque.
8. L'approche café du commerce à la « Thierry Roland »

La regrettée technique du bon père Thierry : pour que le public se sente proche et qu'il continue à en parler le lendemain autour d'un petit jaune au comptoir, balancez autant d'idées reçues et de blagues limites que possible sur des adversaires: "Il n'y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu'un autre Coréen, surtout habillé en footballeur. Ils sont tous bruns, mesurent tous 1m75...".
9. L'endormissement sournois à la "Lionel Chamoulaud" (tennis, Ftv)

Anesthésier le téléspectateur par un ton aussi monocorde que possible. On sent derrière quelques années de formation à l'école Jean-Paul Loth. On lui accorde que meubler 8 heures de match entre Nadal et Djokovic demande un peu d'entrainement.